samedi 30 juillet 2011

Delphine de Vigan - Les heures souterraines







Quatrième de couverture :  Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Au cœur d’une ville sans cesse en mouvement, ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de mai. Les Heures souterraines est un roman vibrant et magnifique sur les violences invisibles d’un monde privé de douceur, où l’on risque de se perdre, sans aucun bruit.
 Comme toujours, je choisis mes lectures un peu au hasard, me promenant dans les rayons et attendant qu’une première ou une quatrième de couverture attire mon attention. Pour ce roman, je dois bien avouer avoir longuement hésité avant de l’acheter. J’ai eu quelques réticences en lisant le résumé. Je m’attendais à une histoire un peu mièvre avec à la clef une happy end. Mais la photographie et le titre ont eu raison de moi et je n’ai pas été déçue.
Delphine de Vigan nous embarque dans le Paris du XXIe siècle, une ville en mouvement constant et nous livre les destins croisés de deux quadragénaires : d’un côté Mathilde, une femme, cadre marketing dans une grande entreprise, veuve, trois enfants, prise en grippe par un patron peu scrupuleux ; d’un autre, Thibault, un homme, pas vraiment d’attaches, travaillant pour SOS médecins à défaut d’être devenu chirurgien et terrassé par ses différents déboires sentimentaux. Ces protagonistes forment à eux deux un microcosme gangrené par la solitude et l’abus de pouvoir et on sombre peu à peu avec eux dans la morosité parisienne. Une impression de réalisme se dégage de ce roman puisqu’il est très facile de s’identifier à ces deux éclopés de la vie. Comment rester de marbre face à cette femme victime de harcèlement moral et peu à peu exclue de l’entreprise ? Et comment également ne pas être touché par cet homme côtoyant sans cesse la maladie et anéanti par sa rupture amoureuse ? Qui peut prétendre n’avoir jamais vécu ou connu quelqu’un avec une situation similaire ?!
J’ai littéralement dévoré ce roman qui est pour moi une ode au désespoir rythmée par les aller-retour en transports en commun. Les différents aspects des voyages souterrains comme les heures de pointes, les odeurs, les ressentis,… sont minimes mais dépeints avec une telle vigueur que j’ai eu le sentiment d’y être. De plus, l’auteure nous offre une fin ouverte à la réflexion qui permet d’imaginer le meilleur comme le pire... Continuer de rester sur le carreau ou vivre pleinement son existence ?!

           A ceux qui lisent pour s’évader ou qui sont déprimés, oubliez ce livre car l’agonie se ferait sentir au bout de quelques pages seulement. Aux autres, cessez de fixer votre nombril et prenez le temps d’observer, d’analyser mais surtout de vous intéresser aux autres ! 
 

Citation choisie : « Emporté par le flot dense et désordonné, il a pensé que la ville toujours imposerait sa cadence, son empressement et ses heures d’affluence, qu’elle continuerait d’ignorer ces millions de trajectoires solitaires, à l’intersection desquelles il n’y a rien, rien d’autre que le vide ou bien une étincelle, aussitôt dissipée. »


Mlle Liberty